ANA | YAN

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L'ADMIRER POUR L'AIMER

Le jour de l’opération est arrivé assez rapidement vu la gravité de la maladie. Andréanne passait sous le bistouri et moi, je commençais ma nouvelle vie d’étudiant universitaire. Le jour de son opération, j’étais très agité… j’avais l’impression qu’une partie de moi subissait aussi l’opération.

La fébrilité et l’impatience durant l’opération étaient aussi intenses à distance que si j’avais été avec mes beaux-parents dans la salle d’attente. Je me souviens du moment où ma belle-mère m’a appelé pour me dire que tout c’était bien passé. J’étais enfin rassuré ! J’avais aussi peur de ce qui l’attendait à son réveil, et je doutais de ce qui m’attendait lorsque j’allais la voir. À ce moment-là, je me suis dit qu’on ne pouvait plus rien changer : Andréanne avait maintenant une stomie et j’allais devoir apprendre à apprivoiser ce nouveau petit sac.

J’ai pu parler à mon amoureuse la journée même, après l’opération, afin de la rassurer. Vous savez, il y a de ces moments où l’être cher a simplement besoin de vous entendre lui dire je t’aime. Je me devais de l’écouter, de la conforter, de lui dire que je l’aimais puisqu’en même temps, je me disais que c’était elle qui devrait vivre avec l’appareillage une bonne partie de sa vie, toute sa vie même. Andréanne a toujours été une personne très discrète, intravertie et vraiment pas du genre à se plaindre. Selon elle, tout allait toujours bien. Effectivement, ça allait bien. Elle avançait petit à petit dans cette aventure afin de pouvoir elle-même apprivoiser son nouveau compagnon. De jour en jour, chaque fois qu’on se parlait, Andréanne allait bien. Un soir, après avoir eu une journée remplie de douleur et d’inquiétude, elle m’a appellé en pleurant. Elle avait beaucoup de questionnements face à mon acceptation de la situation. La peur c’était emparée d’elle, puisqu’elle craignait de me perdre. Elle avait peur que je n’accepte pas de vivre avec une telle situation. Beaucoup de personne qui sont intervenues dans son processus l’on remise en question afin de bien la préparer à toute éventualité, mais c’était tout de même mon devoir, à ce moment précis, de la rassurer, en répétant tout simplement que je l’aimais. Évidemment, je n’avais pas l’intention de terminer notre relation, mais je restais tout de même dans un monde inconnu, très loin d’elle et complètement bouleversé de mon côté.

Andréanne a passé encore quelques jours à l’hôpital de Sherbrooke afin de reprendre de l’énergie. Puis, un soir où je travaillais, j’ai eu droit à une plaisante surprise. À cette époque je travaillais dans un restaurant. Andréanne et sa sœur sont arrivées pour manger un dessert et me surprendre. Je me rappellerai toute ma vie de ce moment où j’ai vu mon amoureuse arriver en marchant d’un pas très lent tout en s’appuyant contre sa sœur pour me faire une surprise. Encore une fois, elle était radieuse et j’étais tellement content de la voir que j’en avais les yeux humides. Ce soir-là, une fois de retour à la maison, je me suis occupé d’elle comme si je ne l’avais pas vue depuis une année entière.

Durant la nuit, j’avais comme un sixième sens en moi : chaque fois qu’elle se réveillait, je me réveillais aussi, instinctivement, afin de l’aider à se lever du lit et à marcher. Je m’assurais toujours que tout allait bien, puisqu’après tout, je l’aimais et je voulais prendre soin d’elle comme je savais qu’elle aurait pris soin de moi.

C’est en la regardant dormir que j’ai compris qu’être amoureux, c’est aussi admirer la personne avec qui nous vivons, et c’est à ce moment-là que je suis réellement devenu un admirateur de cette jolie jeune femme, tout juste stomisée. Son regard, ses paroles et ses gestes, même après ces durs moments, n’étaient plus les mêmes, ils étaient maintenant encore plus sincères qu’avant et je les appréciais encore plus.

Cette soirée m’a permis de prendre conscience que j’allais l’admirer toute ma vie, et ce, même si je n’avais alors que 18 ans.

Pendant ce temps-là, j’avais aussi fait la rencontre de cette chère stomie, mais je vous garde le tout pour un autre moment, histoire de vous garder en haleine !

Alexandre