ANA | YAN

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NOUS, LES IGNORANTS

Alex et moi sommes amis depuis le secondaire. Nous avons eu le même parcours collégial et universitaire et notre amitié dure encore. Lorsqu’Alexandre m’a annoncé l’épreuve qu’il vivait avec Andréanne, j’ai eu une espèce de chamboulement d’émotions, mais les deux principales étaient: la compassion et l’interrogation.

La compassion 

Il faut dire que je n’avais pas vu Alex depuis un bon bout de temps. Je comprenais aussi que, vu la situation, ce n’était pas un sujet dont il s’était empressé de me parler puisqu’il ne savait pas, lui non plus, sur quelles eaux il naviguait. Il m’a raconté qu’Andréanne était très malade, qu’elle avait maigrie et qu’elle avait même perdu des cheveux. Je me suis sentie impuissante et triste en même temps. C’est rough quand nos proches sont touchés par la maladie. Que la maladie soit fatale ou non, on se sent désarmés et la seule chose qu’on peut faire c’est avoir de la compassion et être à l’écoute.

J’ai aussi été émue de voir qu’Alex essayait tant bien que mal de soutenir Andréanne dans cette épreuve malgré le fait qu’il était aussi effrayé qu’elle… sinon plus. Il n’y a pas d’âge pour accepter la maladie, mais beaucoup de copains auraient décidé de ne pas vivre cette expérience. Je ne juge aucunement une personne qui aurait décidé de s’en aller, mais j’honore quelqu’un comme Alex qui a décidé que l’amour fait foi de tout.

Bref, il m’a expliqué et raconté les épreuves qu’Andréanne avait vécues lors des derniers mois. Lorsqu’il m’a parlé de stomie, j’ai acquiescé et je l’ai laissé continuer de parler en l’écoutant comme une vraie amie.  C’est à ce moment précis que je me suis interrogée…

L'interrogation

Lorsqu’il m’expliquait la situation, mon petit hamster s’est mis à faire de l’exercice; « Crohn? C’est qui lui?  Pis y mange quoi en hiver?». Comme tout être humain niaiseux, j’ai fait comme si je savais qu’est-ce que c’était: «Ah! D’accord … ça doit pas être facile…! Je te comprends…». Pour ensuite, le  soir même, passer une heure sur Google à essayer de comprendre c’était quoi cette maladie-là et quels en étaient les enjeux. On n’aime pas ça être ignorant…et surtout pas à l’air du 2.0 et de l’instantané. On veut tout savoir immédiatement et être expert sur plusieurs sujets (ou plutôt tous les sujets). Comme si ne pas s’y connaître sur un sujet revenait à dire de nous que nous sommes incultes. Bref, je dois vous avouer que je ne savais pas de quoi il parlait et plutôt que de l’avouer, je me suis empressée de faire ma petite recherche pour que le jour où il m’en reparlerait, je saurais répondre honnêtement et mieux comprendre les impacts d’une stomie.

Tant qu’à aborder le sujet, vous comprendrez que certaines maladies inflammatoires de l’intestin sont directement liées aux selles, pas vrai? Malheureusement, le sujet est souvent jugé tabou. Pourquoi? Bien, parce qu’on parle de «caca». Les selles, ça nous écœure et pourtant, c’est un besoin humain, tout le monde doit évacuer! Stefanny, une collaboratrice du blogue, nous parlait des stéréotypes comportementaux qu’on nous inculque dès notre jeune âge. Je pense sincèrement que cette stigmatisation augmente les tabous sur la stomie. Il y a énormément de chemin à faire, mais la première étape, n’est-elle pas de prendre conscience de ce fléau pour ensuite savoir mieux lutter? Bref, laissez-nous vous instruire, ouvrez votre esprit et aidez-nous à dédramatiser et à faire taire les tabous.

Signé une ancienne ignorante du monde des maladies inflammatoires de l’intestin et toujours ignorante de pleins d’autres sujets.

Marie-Noël

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