ANA | YAN

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LE RETOUR AU TRAVAIL APRÈS PLUS D'UN AN D'ABSENCE

J’avais tellement hâte de retourner au travail. Après un an et demi d’absence à être malade, à ne pas être capable de m’occuper de moi-même, j’avais hâte de retrouver un semblant de vie normale.

J’avais beaucoup d’appréhensions concernant mes capacités physiques : compléter mes journées, travailler toute la semaine, ajouter mes passe-temps, ma vie sociale, m’occuper de mon chez moi. Je voulais être, et que tout redevienne, comme avant.

Je me suis un peu trompée finalement. Après une longue absence, c‘est normal que les choses changent, qu’elles évoluent. Par contre, mentalement ce n’est pas évident de dealer avec tout ça.

J’ai eu des comparaisons de mon congé comme un congé de maternité. En termes de temps d’absence, c’est comparable. Mais non, je ne pense pas que c’est la même chose! Un, j’étais malade et je n’étais même pas capable de m’occuper de moi-même. Deux, je n’ai pas choisi de partir aussi longtemps, je n’ai pas choisi d’être malade!

Ma plus grande peur : l’étiquette MALADE! J’avais peur qu’on me ménage, qu’on ait peur que je ne sois pas capable. C’est correct pour les premiers temps et c’est agréable de voir que les autres pensent à toi, qu’on te donne le temps de te remettre dans le bateau, etc.  Mais pas pendant des mois. Quand j’ai décidé que j’étais prête à faire un retour, je voulais plonger à nouveau dans mon travail, dans mes projets. J’avais assez perdu de temps et surtout ma tête était toujours là. Je pense que ce fût une des choses les plus difficiles à accepter. Malgré tout ce que j’avais accompli auparavant, je devais recommencer à zéro, je devais faire à nouveau mes preuves, je devais me prouver encore une fois. Et ça c’est plus que frustrant!

Tout cela, m’a amené à me poser beaucoup de questions, à me remettre en question. Pourquoi je faisais ce métier dans la vie, quel sens avait mon travail, qu’est-ce que ça m’apportait, qu’est-ce que ça donnait dans notre société que je sois payée pour faire ce que je fais. Après tout ce que j’avais vécu, je voulais que ma vie ait un sens.

Finalement, je me rends compte que mon retour au travail fût pénible mentalement et non physiquement comme je l’appréhendais.  Avec l’aide de ma psychologue j’ai passé au travers et je travaille toujours sur moi. Je me pose des questions sur ce que je veux vraiment, sur ce qui me rend heureuse. Je n’ai toujours pas toutes mes réponses, mais j’évolue et je sais que j’ai choisi la bonne route. Et si Crohn n’était pas entrée dans ma vie, je ne serais jamais arrivée sur cette route. À travers cette épreuve, j’ai grandi, j’ai appris, j’ai compris que pour les entreprises, nous sommes tous remplaçable. Ça m’a amené à focuser sur moi, sur ma vie et sur ce qui compte.

Joannie

Cet article est présenté par: Centre de stomie de la Mauricie