TÊTU COMME UN BOEUF

L’aventure a commencé en octobre 2013. J’ai essayé de continuer à vivre ma vie pleinement en ignorant les symptômes. Hémorroïdes et sang dans les selles, j’étais convaincue que ça finirait par passer. Diarrhées et crampes, je pensais que c’était lié au stress de l’école. Vomissements et perte d’appétit, c’est à ce moment que j’ai su que quelque chose clochait… mais en étant étudiante en soins infirmiers, j’avais la trouille de devoir échanger de rôle avec le patient.

N’ayant nul autre choix que de consulter, le 4 décembre 2013, j’ai été diagnostiquée avec la maladie de Crohn colique. En d’autres mots, l’inflammation était localisée uniquement dans mon gros intestin. Ce n’est qu’une semaine plus tard que je suis sortie de l’hôpital, les mains pleines de prescriptions médicales qui allaient me fournir une quantité industrielle de pilules à prendre quotidiennement pour les mois à venir.

Moi qui croyais être libérée et reprendre le cours de ma vie d’avant… j’ai refranchi les portes de l’hôpital une semaine plus tard pour une thrombophlébite dans le bras droit suite à l'inflammation que la maladie provoquait dans mon corps. C’était une petite complication de ma maladie, mais avec de grosses conséquences sur ma santé. Pour détruire le caillot de sang, j’ai reçu des anticoagulants qui ont augmenté drastiquement les saignements dans mon colon. À partir de ce moment-là, je devais recevoir une transfusion de sang par semaine à cause de l’anémie. Avec l’aide de l’acuponcture, de l’ostéopathie et de ma mère qui est naturopathe dans l’âme, j’ai réussi à passer deux semaines consécutives en dehors de l’hôpital. Ma mère était l’une de ces personnes qui croyaient aux miracles des régimes alimentaires. J’ai vécu deux semaines atroces pendant lesquelles je n’ai pas mangé de produits laitiers, de gluten et de fibres alimentaires. Tout ça dans un régime hypotoxique dans lequel la viande devait être cuite à faible température. Bref, mon souper de Noël consista cette année-là en des œufs farcis et une patate cuite au four…je ne pourrai jamais l’oublier!

Malheureusement, mon Crohn têtu comme un bœuf a repris le contrôle de mon corps assez violemment. La nuit, je n’avais plus le temps de me rendre à la toilette sans m’échapper. Je suis donc retournée à l’hôpital où on m’a fait ma dernière colonoscopie à vie. C’était la première et la dernière fois que je voyais ce médecin. Encore aujourd’hui, je me demande qui il est, puisque c’est lui qui a pris la décision finale, celle qui allait changer ma vie à jamais.

Le samedi 18 janvier 2014, soit un mois et demi après le diagnostic, j’ai subi une colectomie totale avec la formation de mon iléostomie permanente. J’ai pris la décision que mon rectum et mon anus allaient être épargnés lors de la chirurgie. Sept jours plus tard, j’apprends qu’une petite bactérie est sortie de mon rectum et s’est colonisée dans le bas de mon ventre. Le samedi 25 janvier 2014, de retour sur la table d'opération, les chirurgiens ont drainé et nettoyé l’abcès. Sept jours après ma deuxième chirurgie, mes selles ont arrêté de sortir par ma stomie. En effet, elles sortaient par une fistule, soit un petit tunnel entre mon intestin et ma plaie. J’avais le choix entre attendre des mois pour que la fistule se referme d’elle-même ou retourner en salle d’opération. Je me rappelle encore avoir pensé que ce n’était pas grave d’y laisser ma peau. Je voulais que mon calvaire s’arrête. Samedi le 1er février 2014, les chirurgiens ont retiré la partie trouée de mon intestin. Ils m’ont fait une nouvelle stomie. Elle était grosse et vraiment moins belle que la première. Deux mois plus tard, mon petit intestin s’est complètement pris dans une adhérence. C’est alors que j’ai subi ma quatrième et dernière chirurgie.

Durant cette année, j’ai vécu beaucoup de hauts et de bas et je suis tellement reconnaissante d’être encore vivante pour les partager avec vous. Je crois que la vie nous envoie des obstacles pour qu’on puisse les surmonter et en tirer une leçon. Ça m’a pris du temps, mais j’ai compris que j’étais forte, courageuse, inspirante et que j’étais née pour aider les autres. Avec ANA & Moi, je ne vous parlerai pas de mon sac et de ce qu’il y a à l’intérieur. Au contraire, je vais vous parler de ma vie et de tous mes états d’âme en espérant vous faire cheminer vers l’avant avec moi.

Laurie-Anne

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