Les leçons que tu m'as apprises, 7 ans avant ma stomie

En 2010, il y a 7 ans, sans le savoir, la naissance de mon premier enfant, Émil, m’avait préparé mentalement à toi, ma stomie, Rosie. Il s’est écoulé 2 ans depuis ton arrivée, dire que je m’en réjouissais serait un mensonge. C’est aujourd’hui que je m’en compte, c’est un peu comme le cycle d’apprentissage avec un nouvel enfant. Je vous explique…

La grossesse

Enfin la bonne nouvelle tombée, un petit bébé allait arriver dans notre vie! J’ai eu des nausées, des bons et des moyens jours. J’ai dû m’acheter des vêtements adaptés à mon ventre pour être confortable. C’est la première leçon que j’ai apprise, s’adapter. J’ai rapidement mis de côté mes boutiques préférées pour couvrir cette énorme bedaine. Heureusement, des commerces s’y spécialisent, autant pour la maternité que pour les personnes stomisées. Ensuite, les soucis ont commencé quand le Crohn a voulu prendre toute la place durant la grossesse. Suivis médicaux en abondance, stress, anxiété tout y était. Pour toi petite stomie, je ne peux pas dire que c’était une bonne nouvelle quand on m’a parlé de toi. Par contre, mon entourage et l’équipe médicale s’est avéré d’un soutien inestimable, compréhensif, réconfortant et encourageant.  J’avais été préparée à faire confiance aux spécialistes, faire face à l’inconnu.

La naissance

Tout comme la naissance d’un enfant, tu es apparu sur mon ventre en laissant des marques de façon permanente. On dit parfois que les vergetures dues à une grossesse représentent des lignes de vie. Alors que toi, petite muqueuse tu représentes pour moi la Vie avec un grand «V». Tu m’as ouvert les yeux sur l’essentiel. Avant même que tu arrives, l’esthétique ne méritait pas la place que je lui accordais.

La première année

Durant ta première année, on a appris à se connaître et s’apprivoiser. L’alimentation représentait un défi de taille pour mon bébé. Et toi, stomie, tu n’es pas arrivée avec un guide précis pour t’appareiller non plus. Tenter plusieurs essais pour trouver ce qui me convenait le mieux, je m’y connaissais, tu m’avais déjà appris à être persévérante.  Mon garçon remplissait mon cœur à chaque jour, il ensoleillait mes journées grises.  J’ai appris à saisir ces rayons pour m’épanouir pendant que mon Crohn était toujours très actif. Rosie, tu es arrivée et m’a permis de saisir continuellement cette lumière sans tolérer chaque jour autant de douleur. Tu avais mis la résilience sur ma route. Émil m’a fait comprendre qu’avec l’arrivée d’un enfant,  on réalise que certains amis n’étaient que de passage.  Cela m’a préparé à me faire une carapace et à être heureuse avec les bonnes personnes. Dans les deux situations avec sept ans d’écart, souhaiter le meilleur pour les autres demeure la meilleure chose à faire.

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La deuxième année

Pour le bon développement de mon fils, nous avons eu recours à certaines opérations pour ses oreilles.  Cela m’a placé dans des situations où j’ai dû développer la maîtrise de mes inquiétudes. Ma confiance s’est tournée à des inconnus qualifiés pour prendre soin de lui, il était si petit. Toi Rosie, quand tu as cessé de bien fonctionner, j’étais rassurée d’avance de savoir que des gens allaient me prendre en charge, c’était à mon tour d’être vulnérable. Avec les récents événements, le médecin m’a avisé qu’il faudra à nouveau m’opérer.  Peut-être que pour toi, petite stomie, c’est ta façon d’affirmer ton «terrible two». Mais sache, comme avec mon Émil, je serai là pour grandir avec toi encore une fois. Je vais penser que c’est essentiel à ton développement, c’est plus sage que de t’en vouloir.

Joannie S.

Présenté par: Hollister