COMME UNE GUERRIÈRE

J’avais tout juste dix ans lorsque j’ai appris que j’avais la maladie de Crohn. Situation plutôt inhabituelle pour une maladie qui est davantage détectée chez les 18-34 ans. Il s’agissait à cette époque d’une maladie complètement inconnue aux yeux de ma famille et moi. Personne dans ma famille n’en était atteint.

Un an plus tôt, nous avions appris que ma mère était atteinte d’une tumeur maligne au cerveau. Les médecins lui donnaient six mois à vivre, mais elle se sera battue dans la tempête pendant près de six ans avant que la maladie reprenne le dessus. La découverte du cancer de ma mère et le stress qui a en découlé est probablement ce qui a causé l’apparition hâtive de la maladie. Dans ma vie, on m’a souvent demandé d’où venait ma force de continuer à me battre… Elle me vient sans aucun doute de ma mère, qui s’est battue comme une guerrière pour me voir grandir. Ma maladie, à côté de tout ce qu’elle a vécu, ce n’était vraiment pas grand chose. Me battre, vraiment, ce n’est que la force des choses.

Après l’annonce du diagnostic, on nous a orientés vers une gastro-entérologue de Sainte-Justine, qui a été pour nous comme un ange mis sur notre chemin, qui a pris soin de moi jusqu’à ce que je fasse mon passage dans le monde des adultes. Pendant plusieurs années, nous avons réussi à maitriser la maladie avec différents médicaments. Pour chacun d’entre eux, après un certain temps, je devenais résistante et nous devions changer. Dans mon parcours, j’ai fait de dures rechutes qui ont nécessité des hospitalisations de quelques jours. On me remettait sur pied et je repartais à nouveau. Je n’étais pas guérie, mais cela me permettait d’avoir des périodes d’accalmie pour que je puisse continuer d’aller à l’école. Depuis la découverte de ma maladie, j’ai toujours eu un intestin très difficile à traiter, très malade. Tout ce petit bout de chemin nous amène au 9 février 2013, date où je me suis fait opérer pour avoir une iléostomie.

Treize ans après le diagnostic de la maladie de Crohn, à 23 ans, à un tournant important de ma vie, je suis maintenant prête à partager mon histoire pour aider d’autres femmes dans le chemin qui mène à l’acceptation de soi et à la reprise de contrôle de sa propre vie.

Élisabeth

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