J'ai vécu une dépression post-traumatique

«Le bonheur n’est pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir» - Confucius

La vie est remplie de petits moments que l’on doit chérir et apprécier par-dessus tout. On ne sait jamais quand tout peut basculer, voilà pourquoi il faut être reconnaissant de toutes les petites choses que la vie nous offre. Nous vivons dans un monde qui nous pousse à performer, à aller à 100 miles à l’heure, à nous essouffler pour rapporter des gains qui au final ne nous apporteront jamais autant que la famille, les amis et l’amour. Soyons reconnaissants de pouvoir nous réveiller chaque matin, de voir, de bouger, d’entendre, de parler, de respirer sans effort soutenus. Soyons reconnaissants de pouvoir manger trois repas par jours, d’avoir un toit, de pouvoir se vêtir, de ne pas être seul. Vous ne savez pas la chance et la richesse que vous avez jusqu’au jour où vous perdez l’un de ces derniers… La santé est, à mon avis, l’élément essentiel à la vie, il est important de prendre soin de soi, que ce soit physiquement ou mentalement, ne vous négligez jamais !

25 avril 2017

Enfin, ma rémission est officiellement commencée! Après avoir subie une opération pour une transposition ovarienne, une autre pour l’ablation de mon rectum et l’installation d’une iléostomie temporaire, de même qu’une réanastomose, sans oublier 5 mois de chimiothérapie et 26 séances de radiothérapie, je peux enfin dire que mon combat est terminé. Maudit cancer je t’ai enfin exterminé! Après une année et demie à encaisser les coups, les uns après les autres, à l’aide de ma résilience, de mon positivisme et de ma détermination, je m’en suis finalement sortie. Du moins, c’est ce que je croyais…

 Mai 2017

Voilà que seulement 1 mois et demi après avoir subi ma dernière opération et m’être reposée un peu de l’éprouvante séance de chimiothérapie, je décidai de retourner sur le chemin de travail. Vous savez la société étant ainsi faite, nous culpabilisons de rester à la maison alors que nous avons toutes les raisons du monde pour le faire.  J’étais pressée de retrouver ma vie normale, ma vie d’avant, de recommencer l’université et avancer. Ce que je n’avais pas réalisé, c’est que ma vie ne serait plus pareille, car j’avais changée et elle aussi…

Vous savez, lorsque nous vivons des coups durs, nous évoluons, mais pour ce faire, nous devons accepter les choses que nous ne pouvons changer. Le problème est que pour ma part, inconsciemment, malgré mon positivisme, je n’avais pas accepté ce qui m’était arrivé. J’ai réalisé que je ressentais beaucoup de colère en lien avec l’injustice que j’avais vécu, pourquoi moi? Pourquoi une jeune femme de 25 ans qui a toujours voulu avoir des enfants est devenue stérile? Pourquoi je dois recommencer à zéro à  l’université alors que tous mes confrères, consœurs ont terminé? Pourquoi je dois prendre en considération que la vie est fragile et me remettre en question par rapport à la crainte d’avoir une récidive… Pourquoi je ne corresponds plus au parcours typique de la vie en société? L’école, le chum, la maison, le chien et les enfants… Maintenant plus rien ne me rejoint, quels sont mes buts? Pour quelles raisons vais-je les accomplir?

Dorénavant, je dois me fixer de nouveaux objectifs, mais avant tout je dois trouver qui je suis. QUI SUIS-JE? Je dois vous avouer que je travaille encore sur ce processus. Pendant une année je me suis définie par le cancer, les hôpitaux et les examens. La souffrance, la peur et les médicaments étaient devenus ma zone de confort à un point tel que j’étais plus inquiète de recommencer ma vie en étant en santé que de rester malade… Lorsque nous avons le cancer, le système de santé nous encadre à un point tel que nous devons lâcher prise et faire confiance… Nous n’avons plus le contrôle sur notre vie mis à part notre façon de percevoir les choses. Cependant, lorsque nous sommes guéris, nous devons reprendre le contrôle d’un tout nouveau véhicule que nous ne connaissons malheureusement pas et croyez-moi, c’est encore pire quand vous ne savez pas où aller. Après de nombreuses remises en question, j’ai donc décidé de tout quitter en deux semaines et de déménager en région éloignée afin de quitter l’atmosphère de maladie, de me ressourcer, de faire le vide, de me retrouver en tant qu’individu et par-dessus tout de débuter à nouveau l’université, mais dans un nouveau domaine.

Septembre 2017

Aussitôt arrivés en ville, deux jours après, je commençais déjà l’université à temps plein en plus de mon emploi de serveuse de 25 heures semaines. Je voulais faire comme tout le monde et retrouver une routine… Le problème, c’est que je n’étais plus comme tout le monde…mais ça, je ne l’avais pas réalisé encore. J’avais recommencé trop vite, j’ai dû prendre une pause de l’université. N’étant pas à l’écoute de mon corps et de mes médecins, je me suis épuisée, physiquement et psychologiquement… Le fait de perdre à nouveau le contrôle de mon corps m’a rendue impuissante à un point tel que je fus victime d’une dépression post-traumatique. Je revivais sans cesse les événements que je venais de subir et j’en voulais à la vie de ne plus savoir où aller et de ne pas avoir la force de continuer. Je ne me reconnaissais plus, autant j’avais été forte et résiliente lors de mes traitements, autant maintenant la seule chose que je souhaitais c’était de retomber malade, car ça au moins j’étais capable de le faire correctement… Ce sentiment de mal-être a duré plusieurs mois et honnêtement je ne le souhaite à personne. La maladie mentale bien qu’elle ne soit pas apparente est très difficile à vivre. Il est important de ne pas s’isoler et d’aller chercher de l’aide.

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Octobre 2018

Une année s’est passée avant que je me retrouve comme personne, j’ai dû accepter ma situation en passant par plusieurs phases, comme le déni, la tristesse et la colère avant d’en arriver à l’acceptation. Heureusement, j’ai eu droit à énormément d’aide et de soutien. Il est important d’aller chercher de l’aide dans de telles situations, car lorsque nous souffrons de troubles de santé mentale notre vision de la réalité est bâclée, nous ne sommes plus capables d’envisager les portes de sorties pour revivre à nouveau et tout nous paraît comme de gigantesques tâches à accomplir. N’ayez pas peur de consulter un médecin, un psychologue, un travailleur social, votre famille, vos amis, et même des groupes d’entraide afin de vous en sortir et tout ira pour le mieux.

N’oubliez pas qu’avant tout, nous sommes des êtres humains, il est normal d’avoir de la peine, de ressentir de la colère ou encore de vivre du déni lorsqu’un événement subvient dans notre vie, cependant nous devons écouter notre corps et notre esprit et accepter nos limites, car nous ne sommes pas des robots. L’amour de soi est la base de l’épanouissement. Lorsque nous subissons des événements qui bouleversent notre vie, nous devons penser à notre bien-être et à notre façon de l’améliorer, nous devons accepter les choses que nous ne pouvons changer afin de mieux avancer dans la vie. Chaque événement nous rend plus fort et nous donne les outils afin d’affronter la vie, soyez fiers de vos marques et de vos cicatrices, elles représentent votre capacité de résilience!

 Vous êtes beaux, vous êtes bons et vous êtes capables ! Ayez de la gratitude envers la vie !

Valérie

Présenté par: Hollister