Lettre à ma stomie

Chère stomie,

Quand je passe à mon centre de stomie, pour y acheter mes sacs et collerettes, je trouve que tu coûtes cher.

Quand je me réveille la nuit, avec un sac voisinant la limite du trop-plein, mais que, malgré le stress, je décide quand même d’attendre jusqu’au matin, tu nuis à mon sommeil récupérateur.

Quand je change mon appareillage et que tu es complètement endormie pendant ma douche, mais que tu décides soudainement de couler sur ma collerette toute neuve tout juste posée, je déteste ton effet de surprise.

Quand ta peau est trop sèche l’hiver et que ça me démange sous ma collerette, c’est vraiment désagréable.

Quand je suis fatiguée et que je veux me dépêcher dans mon processus de changement d’appareillage, mais que tu coules partout sans arrêt, tu manques vraiment de coopération.

Quand au petit matin, j’ai envie de faire la grasse matinée sans bouger, mais que je me réveille avec un sac gros comme un ballon de football sur le ventre, tu gâches mon plaisir.

Quand pendant des années tu ne m’apportais aucun problème et que tout à coup tu découvres les joies des fuites sous la collerette, tu peux quand même m’épargner une fois de temps en temps.

Quand tu remplis mon sac et que je n’ai pas d’accès direct à la salle de bain, tu me rends vraiment inconfortable.

Quand l’été est chaud et que ta peau emprisonne de l’humidité sous ma collerette, tu m’irrites.

Quand tu es bruyante avec tes gaz à des moments inopportuns, j’aimerais bien que tu sois plus disciplinée.

Quand la nuit tu es active comme pas une et que tu m’imposes de vider mon appareillage en pleine nuit, tu es fatigante.

 

Mais…

 

Quand je vois la qualité de vie que tu m’apportes, je suis contente que tu sois là.

Quand j’entends les autres me dire qu’ils ont envie de caca, je ne m’ennuie pas de ces envies-là.

Quand je peux dormir paisiblement, sans me réveiller avec des crampes intolérables comme avant, tu me réconfortes.

Quand les spécialistes me disent que tu es belle, je me trouve chanceuse.

Quand je fais de la route sans avoir à vivre le stress de devoir trouver une salle de bain en urgence, tu égaies mes voyages.

Quand je porte des vêtements plus moulants, mais que tu passes quand même incognito, tu me fais plaisir dans ta discrétion.

Quand je pense à cette unique année, qui a été horrible en raison du contrôle que la maladie avait sur moi, je suis reconnaissante de te voir habiller mon abdomen.

Quand je vois la surprise des gens quand ils apprennent que je suis stomisée, je me surprends à apprécier cette différence que tu m’apportes.

Quand mon expérience apporte du réconfort à quelqu’un, j’ai le sentiment d’accomplir quelque chose de bien.

Quand je me rends compte des défis que j’ai pu surmonter depuis que tu es là, je suis fière de les avoir vécus avec toi.

Quand en huit ans tu m’as apporté autant de positif, et si peu de négatif, j’écarte la possibilité d’un jour vivre sans toi.

 Andréanne

Présenté par: ANA