«MON» Orford

Ça fait déjà deux ans que je me suis fait opérer. Que le temps passe vite… J'ai presque du mal à me remémorer les premiers mois et les premières difficultés que tout le monde, ou presque, connaît pendant la convalescence. Par contre, un souvenir me revient comme si c'était hier... Le jour où j'ai pris cette photo, au bout du couloir de l'étage de mon service, à l'hôpital de Sherbrooke. Cette photo est gravée en moi, dans mon ADN. Elle représente le «jour 1» de la promesse que je me suis fait. Une profession de foi, en quelque sorte. J’essaie de la respecter tous les jours de ma vie depuis ce jour-là.

«Mais c'est quoi cette photo?» Me direz-vous.

Le mont Orford dans toute sa splendeur. Eh bien, c'est pendant ma première marche, que les infirmières m'avaient obligé à prendre afin de me remettre sur pieds le plus vite possible, que j'ai vu ce panoramique. Après un bon 60 mètres, j’avais cette magnifique vue au bout du long couloir traversant tout l'étagequi s'offrait à moi. Ce fut une marche pénible et non sans douleur, mais c'est là que le déclic s'est fait dans ma tête. Étant un coureur à obstacles (des courses à pied de style militaire, se déroulant dans les montagnes le plus souvent, bien à la mode ces dernières années), je courrais ce mont régulièrement pour les entraînements et les compétitions. Je me suis alors souvenu de mes rencontres pré-opératoires, on m'avait soulevé l'idée que je ne pourrais peut-être plus faire de courses à obstacles puisqu’au niveau compétitif, ce sont des épreuves assez extrêmes que l'on fait vivre à notre corps (ramper sous des barbelés, grimper des murs de 10 pieds, sauter dans l'eau et la boue, etc., pendant des kilomètres). Avec ma belle tête de cochon, je me suis donc fait la promesse qu'au printemps suivant, j'allais être capable de courir, de faire des courses à nouveau et pourquoi pas, de performer mieux qu'avant. Je me suis promis que ma stomie n'allait pas changer ma vie. Bien au contraire... Ma stomie allait me sauver la vie et qu’au final ce n'était qu'un accessoire au même titre qu'un sac à main, ni plus ni moins.

N - Mon orford.jpg

La suite de cette promesse...

Je me suis forcé à prendre des marches dans ce couloir et chacune de ces marches étaient une victoire en soi. Et j'en ai décidé ainsi pour toutes les épreuves que j'allais vivre. Si vous êtes stomisés, vous savez de quoi je veux parler; les premières fois aux toilettes, les premières fuites autour du sac, les premiers changements de sacs, les premiers «bobos»... Il y a aussi, les premiers kilomètres de marche, les redressements assis, les kilomètres de courses... Ce sont toutes de belles victoires.

Pour la suite, je me suis remis en forme et j'ai fait ma saison de courses que j'ai considérée comme une année d'adaptation avec un calendrier allégé de 8 courses. Cette année j'en ai 13, dont une dernière pour la fin du mois d'octobre en guise de clôture de la belle saison 2017.

Bon pour tous...

Ça va plus loin que les problèmes de stomie. Ma résilience me sert au quotidien dans toutes les sphères de la vie. C'est une gymnastique mentale qu'il faut nourrir et une vision qu'il faut se remémorer souvent, car le cerveau humain est ainsi fait. Le positif attire le positif et ça se travail. Servez-vous de quelque chose qui peut vous faire avancer; un but, une vision, un rêve ou comme moi, une photo.

Depuis mon opération, j'ai changé de sac pour un modèle plus adapté à mon style de vie et à mes activités (je fais aussi du Taekwondo). J'ai appris que la peur du changement et du jugement ne fait que nous refermer sur nous-même.

Osez le positif et le changement. Vous allez voir, c'est payant.

Nicolas

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